Pérou (part 8) - Tambopata, le bassin amazonien
- Adrien Rigaut
- 29 mars 2018
- 6 min de lecture
Il y a encore quelques jours, aller en Amazonie n’était pas dans mes plans, surtout depuis le Pérou. Et puis je suis allé voir une exposition de photos à Arequipa qui présentait des clichés de la jungle et des animaux issus de la Réserve Nationale de Tambopata. Par curiosité j’ai regardé où se situait cette zone. Verdict : à 1h en bateau depuis Puerto Maldonado (10h de bus depuis Cusco). L’idée s’est développée jusqu’à ce que je franchisse le pas voilà quelques jours.
Il y a de nombreuses agences depuis Cusco qui propose des circuits assez couteux. Le mieux est de se rendre à Puerto Maldonado et de négocier avec les agences sur place. J’ai ainsi pu trouver une formule « nature » incluant nourriture, guide, transport, entrées aux différentes réserves et logement sur 3 jours et 2 nuits pour 450S (112,5€).
Jour 1 : Laguna Sandoval & Recherche de caïmans
Départ à 9h de Puerto Maldonado pour rejoindre notre lodge. La traversée ne peut se faire qu’en bateau depuis le fleuve de La Madre de Dios. Plus on s’éloigne de la ville, plus on a le sentiment de s’enfoncer dans la jungle. C’est prenant et ça met l’eau à la bouche pour les prochains jours.
Le logement est XXL et presque luxueux ! Une chambre privative avec salle de bain, un hamac face au lit, un beau (et bon) restaurant, beaucoup d’espaces extérieurs avec un petit terrain de foot où je me suis remis à taper la balle avec les gens qui travaillent ici. Une pré-coupe du Monde où j’ai offert la 1ère victoire à la France face au Pérou.
Pour la première activité de la journée, on rentre dans le vif du sujet en prenant la direction de Tambopata. Cette réserve nationale à quelques minutes en bateau est immense et abrite de nombreuses espèces d’animaux. On est d’ailleurs accueilli par un groupe de singes Aullador Rojo, très rare pour l’époque de la saison des pluies donc on s’estime heureux et privilégiés de les voir ainsi.
Le chemin jusqu’au lac de Sandoval (5km) est rendu difficile par la boue. On se croirait au Mud Day ! Néanmoins c’est très agréable de se promener en pleine jungle et de découvrir une telle végétation sublimée par quelques animaux (coucou le paresseux).
Arrivé au lac, on est surpris de ne voir qu’un point d’eau avec des barques. Il faut en fait traverser un canal pour rejoindre le lac. C’est simplement superbe ! A la rame, notre guide nous amène jusqu’à l’entrée de Sandoval où nous croisons de drôles d’oiseaux : des Hoacins (sorte de poule à la crête royale). On entend également des bruits d’animaux, sans pour autant les voir. Il faut dire qu’entre les caïmans et les anacondas, on est bien entouré.
Sur le retour d’ailleurs, au moment même de remettre le pied par terre, que voyons-nous ? Deux beaux yeux d’un caïman qui semble tranquillement nous observer… Ah les joies de la jungle !
Deuxième activité du jour : la découverte nocturne des caïmans. Pour être honnête, nous n’avons senti aucune volonté de la part du guide, comme du pilote du bateau, à chercher un caïman. C’était plus une activité à regarder la merveilleuse constellation au-dessus de nos têtes.
Jour 2 : Collpa, Taricaya & Marche nocturne
Réveil aux aurores (4h) pour prendre la direction de la Collpa. On profite des 2h de bateau pour apprécier le lever de soleil. Magnifique !
Qu’est-ce que la Collpa. C’est un lieu de rencontre quotidien, de 6h à 6h30, de Guacamayos (Aras rouges, bleus et verts) et Loros (perruches). L’occasion de voir de sublimes volatiles qui m’ont toujours fasciné. Sur le papier, c’est bien vendu. En réalité, il y a quand même une franche déception. Les Aras rouges et bleus ne se trouvent pas sur ce lieu, ils n’y ont d’ailleurs jamais été (l’endroit étant trop près de la ville). Ce matin je ne verrai « que » des Loritas pico negro, des Loros real amazonico, et des Guacamayos severo. Seule la taille de ces derniers et la quantité impressionnante d’oiseaux m’ont bluffé. Sans oublié un petit paresseux qui surveillait le bateau.
Dans le rayon déception, « l’éco-réserve de Taricaya » est d’une tristesse absolue. Ce lieu recueil les animaux de la région maltraité, accidenté ou autre, pour les soigner, les remettre sur pieds, avant une éventuelle remise en liberté. Très clairement, le site à profiter de ces pauvres animaux pour attirer de plus en plus de « bénévoles » (il faut payer pour en faire partie), avoir l’appui financier du gouvernement, et développer l’accueil touristique. Aujourd’hui, il existe toujours une partie refuge pour animaux, mais l’endroit est principalement devenu un zoo présentant les animaux de la jungle dans de tristes cages.
Heureusement, l’endroit donne un accès direct à la jungle dans laquelle on peut se promener tranquillement. Joie de la nature, on tombe nez à nez avec un groupe de Capuchinos de cabeza dura, mignons comme tout. La fin de la randonnée donne accès à un canopy (pont suspendu) pour s’élever au-dessus des arbres et apprécier la densité de la jungle.
Sur le retour, je fais une petite virée dans la jungle collée au lodge. Par surprise, je découvrir de nouveaux canopies, immenses et sans surveillance. Bien qu’étant en claquette, je ne me prive pas pour me balader librement avant la tombée de la nuit.
La nuit justement… des animaux en profitent pour faire surface. Le guide nous propose de partir sur une marche nocturne pour les découvrir. Il ne faut pas aller bien loin, face aux lodges se trouve un arbre dans lequel se cachent 5 tarentules ! C’est aussi beau qu’effrayant. Un peu plus loin, c’est une grenouille Phyllomedusa Palliata que l’on découvre à la surprise générale. Elle est toute petite, tient sur une phalange, mais sa couleur rappelle sa rareté. A peine quelques mètres plus loin, tranquillement posé sur son arbre, un scorpion. Je ne m’attendais vraiment pas à en voir ici. Bref, la nuit, on a de quoi être surpris !
Jour 3 : Famille native & Pêche aux piranhas
J’ai demandé avant d’y aller, histoire de n’avoir aucune désillusion. La famille native, c’est une vraie ? Bien évidemment que non. Ce sont des descendants de peuples indigènes qui se sont fait manger par la ville, la construction des différentes lodges dans la jungle et l’arrivée en masse des touristes. Aujourd’hui se sont des personnes pauvres, car condamnés à suivre la société de consommation sans en avoir les notions de bases. Qu’ont proposé les tours opérateurs ? De les inclure dans les circuits touristiques en leur demandant de présenter leurs villages et les quelques coutumes qui étaient les leurs. Ils sont ainsi rémunérés (une misère j’imagine) et peuvent développer leurs fermes et l’artisanat pour revendre en ville et/ou aux touristes sur place.
C’est malheureux mais la sincérité a parfois du bon. J’ai pu pleinement profiter de l’activité, apprendre des quelques coutumes, danser, chanter, jouer à la toupie et faire du tir à l’arc. On est à des années lumières de l’idée que l’on peut se faire d’une tribu dans la jungle mais bon…
Ultime activité du séjour : la pêche aux piranhas. Je ne suis pas pêcheurs mais je l’attendais celle-là. L’excitation d’attraper ce poisson mythique de la jungle et surtout d’envoyer une photo à mes amis fans de pêche (je sais pas pourquoi, je pensais à toi Romain). Bon bah c’est totalement foiré ! En 1h30, pas un seul membre du groupe n’a réussi à pêcher quoique ce soit. On a bien vu des bébés piranhas venir mordiller le petit bout de poulet mais rien de plus. Je ne serai vous cacher une pointe de déception. Mais c’est la nature, que voulez-vous !
Retour à la civilisation en fin de journée avec un beau coucher de soleil depuis le bateau avant de rejoindre Puerto Maldonado.
Au finale une expérience assez mitigée. Clairement, j’étais trop près de la ville pour dire que c’était l’Amazonie profonde. Ceci-dit, la diversité des animaux et la densité de la végétation me font dire que je n’en ai jamais été aussi proche. Le premier jour, la qualité du lodge et la chance de voir autant d’animaux en basse saison rehausse un bilan contrasté par des activités trop touristiques (Taricaya et Famille native). A réitérer en mode jungle profonde…
Les anecdotes de la semaine
Une météo (presque) parfaite
Pour la saison des pluies, on a franchement été épargné… Excepté ce déluge de 15 minutes hallucinant au beau milieu du lac de Sandoval. Dans ce cas-là, le groupe est exposé à 100% et ne peut rien faire d’autre que subir. Une sacrée douche naturelle.
Un éboulement et 8h d’attente
La route du retour entre Puerto Maldonado et Cusco a connu un léger pépin. A minuit, le bus se stoppe. Bon, pourquoi pas. Ça ne nous empêche pas de dormir. Sauf qu’au réveil, à 7h, il n’est toujours pas reparti. Que se passe-t-il ? Un éboulement impressionnant bloque totalement la circulation dans les deux sens et malgré la bonne volonté affiché par les locaux pour dégager le terrain, personne ne pourra passer sans l’arrivée de machines adéquates. Par compassion, je les aide mais à peine dégagé 2 cailloux que je me fais envoyer balader ! Un touriste n’a rien à faire là, c’est trop dangereux. On ne va insister…
Après 1h de déblayage, les premières voitures passent… Puis c’est au tour des camionnettes. Un premier camion tente sa chance, ça passe ! C’est improbable. Enfin, un premier bus touristique s’y essai, ça tangue fortement mais après 10 minutes, ça passe. Le pas est lancé et les bus défilent. De quoi donner des sueurs froides aux chauffeurs ? Je n’en ai pas vraiment l’impression. Le nôtre fini aussi par passer (à vide je vous rassure) et on regagne tranquillement Cusco… 18h30 après avoir quitté Puerto Maldonado. Quel trajet !
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