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Le Laos en coup de vent


Il y a des choses que l’on regrette dans la vie, ça vaut aussi pour les voyages. En étant un peu moins borné, j’aurai très bien pu faire l’impasse sur ce pays pour mieux préparer la Birmanie et prendre mon temps avant l’arrivée de la famille à la fin du mois. Oui mais quand j’ai une idée et une volonté en tête… que voulez-vous ?!


Bref, plutôt que de revenir tranquillement à Bangkok à moindre coût, j’ai pris un avion pour Luang Prabang (175€ pour 1h de vol). Même avec un passage éclair, le Visa est obligatoire (28€ pour 5 jours). Et l’accueil à l’arrivée : une horde de taxi à 6€ pour 5 petits kilomètres. Je n’oublie pas l’auberge choisie, dépourvue de ventilateurs, blindées de moustiques et à la propreté digne d’un backpack australien.


Pourquoi que 5 jours ? J’ai une deadline : le 21 mai je dois être à Phuket. J’ai une ambition : visiter à tout prix la Birmanie avant que celle-ci ne devienne trop touristique. J’ai une contrainte : repasser par Bangkok pour réserver un séjour organisé parce que, malheureusement, il est trop compliqué d’aller en Birmanie par ses propres moyens. J’ai réfléchi (oui, oui) : 3 jours à Luang Prabang puis remonter le Mékong en 2 jours jusqu’à la frontière thaïlandaise, avant de visiter Chiang Rai sur 2 jours et redescendre en bus jusqu’à Bangkok.


Chiller dans une des plus belles villes d’Asie, naviguer sur le fleuve le plus célèbre du continent, dormir dans un village traditionnel laotien et visiter l’une des seules parties de la Thaïlande que je n’ai pas eu le temps de faire… Arrêtons de râler, le programme reste tout de même alléchant !



Luang Prabang, ce havre de paix

Aller, je me mouille, je pense avoir trouvé là la meilleure ville d’Asie. Quand je dis ça, je compare à toutes les grosses villes visitées depuis le début du voyage. Alors non, ce n’est pas ici que l’on va faire la fête ou autre grosses soirées. A Luang Prabang on prône le calme, le silence, le respect de la religion des moines et des temples qui cohabitent ici par centaines. Si je pousse un peu plus loin mon raisonnement, on vous laisse le temps de passer lorsque vous traversez la route. Oui vous avez bien lu. Et encore, cette dernière remarque ne fonctionne que si l’on croise des véhicules, choses assez rare dans le centre-ville. Juste pour cette sérénité globale, je suis content d’être passé par là. Un vrai break après Hanoï.


La ville c’est donc un peu celle des 1001 temples. En fait il y en a une trentaine, mais il est tellement facile d’en trouver. Peu importe où vous vous trouvez en ville, vous en aurez un à moins de 3 minutes à pieds. Qui dit beaucoup de temples, dit beaucoup de moines, et pour la première fois, je découvre des écoles de moines bouddhistes.


Luang Prabang est bordée par le Mékong d’un côté et le Nham Khan (qui se jette dans le Mékong) de l’autre. S’y balader est très agréable et on oubliera les 2-3 « Tuc-tuc » et « Massage » puisque ceux-ci ne sont guère insistant après un refus.


Tous les jours, sur deux rues parallèles, il y a le « Morning Market » (le matin) et le « Night Market » (le soir). On se mélange avec les locaux pour découvrir nourritures et objets traditionnels. 100% piétons donc 100% cool. Le second a plus de charme que le premier. Il s’étend sur plusieurs centaines de mètres et les chapiteaux rouges et bleus offrent quelque chose d’harmonieux. Néanmoins, ce qui est assez déroutant pour un marché (asiatique qui plus est), c’est qu’il est très calme, silencieux et on circule facilement car il n’y a pas grand monde. Un peu à l’image de la ville finalement. Les backpackers au budget limité, comme moi, se ruent sur un buffet végétarien. Tu prends une assiette, tu la remplis à ras-bord et ça te coûte 15 000 Kips (1,6€). Bon, il n’y a pas grand-chose de frais là-dedans mais le choix est tellement grand que l’on parvient à trouver quelques motifs de satisfactions.


Au coucher du soleil, beaucoup de personnes se dirigent vers le Mont Phousi. Située au beau milieu de la ville, cette colline abrite un temple à son sommet offrant au visiteur une vue à 360°C de Luang Prabang. Seul bémol, et je ne sais pas si c’est la saison qui veut ça, mais la fine couche de nuage souvent présente en Asie est particulièrement importante ici ce qui rend la visibilité assez médiocre.


Pour l’histoire, c’est bien de visiter UXO Visitor Center. Ce centre d’information met en lumière le fléau auquel le pays doit faire face depuis la fin de la guerre d’Indochine : les obus. Le Laos a été une victime indirecte de cette guerre et continue, encore aujourd’hui, à trouver des résidus d’obus (UXO) un peu partout dans le pays.


Le paragraphe que vous allez lire peut justifier à lui seul la venue au Laos. Attention les yeux ! A 30km au sud de Luang Prabang se trouve un espace naturel nommé Kouang Si. Ce parc regorge d’une multitude de cascades, toutes plus belles les unes que les autres jusqu’à arriver à la plus grande d’entre elles qui est juste sublime. Des « waterfalls », ce n’est pas vraiment pas ce qui a manqué à mon voyage, je pensais en avoir fait le tour, et pourtant je reste encore ébahi par tant de beauté. L’eau est fraîche mais se baigner permet de profiter d’un Fish Spa gratuit. Pleins de poissons viennent vous bouffer les pieds, et Dieu sait qu’ils sont affamés les petits ! Je n'oublie pas non plus la réserve d'Ours à l'entrée du parc.


Finalement, la seule chose qui me dérange dans cette ville, c’est l’impact de la France et des français. Je n’ai pas encore d’explication, il faut que je me penche sur le sujet, mais le Laos est un des pays les plus courtisés par les français et, à Luang Prabang, la deuxième langue (derrière le laotien) c’est le français. Très étonnant et, je dois l’admettre, un peu perturbant.


A l’image de cette dernière remarque, devinez quel est le sport local ? Le temps que vous réfléchissiez, je dois vous dire que j’ai été extrêmement surpris de voir un tournoi de ce sport en pleine ville, puis une petite partie entre amis à côté des cascades. Alors vous l’avez ? Toujours pas ? Et bien sachez qu’ici on joue à la pétanque. Oui, oui, la pétanque ! Et ils jouent comme nous avec les mêmes règles, sauf qu’à la place du pastaga c’est de l’alcool de riz et que le karaoké a remplacé Patrick Sébastien.


C’est la fin de trois jours qui m’ont fait un bien fou dans un cadre super agréable. Seul point noir, cette chaleur étouffante qui vous fait tout le temps transpirer. Et maintenant que j’apprends à cohabiter avec des cheveux longs, ce n’est pas évident !



Deux jours sur le Mékong

En soit, faire deux journée de transport de 9h par bateau, c’est assez classique dans ce type de voyage (voir Thaïlande du Sud et Philippines). Mais il y a ce nom de fleuve sur lequel je vais naviguer : Mékong. Tout de suite, ces deux jours prennent une autre tournure car le Mékong n’est pas une rivière comme les autres. Jugez plutôt : 10ème fleuve du monde, 4500km de long, il prend sa source sur l’Himalaya et traverse 5 pays (Chine, Laos, Birmanie, Thaïlande, Cambodge) avant de venir s’échouer au Vietnam. Un sacré fleuve, je vous le dis !


Depuis Luang Prabang, le trajet est de 18h pour joindre la frontière, pour la somme de 30€. Dans l’autre comptez 15h et 20€. Pourquoi une telle différence ? C’est un fleuve, donc forcément il y a du courant. Le bateau s’apparente à une péniche dont des sièges de bus ont été fixés à l’intérieur. C’est sommaire, mais amplement suffisant.


La première journée de transport est assez longue. Le paysage est très joli. On ne voit aucune ville, que des villages et/ou tribus, et une végétation particulièrement dense. Seule la météo est mitigée. Bon, après une heure ou deux de trajet, Mékong ou pas Mékong, on commence à s’ennuyer et on reprend les activités habituelles des transports classiques (lecture, film, blog).


Nous arrivons en fin de journée sur Pak Beng, sorte de village étape. Ça se voit, ici on est habitué à recevoir des touristes en transit. Les hôtels ne manquent pas. Je trouve mon bonheur pour 5€. Il y a pas mal de restaurants, bars (l’alcool local de whisky banane est un délice) et boulangeries (le banana muffin est magique). J’espérai quelque chose de plus traditionnel, authentique, mais bon, je m’en satisfais.


Le deuxième jour sur le Mékong est nettement plus agréable. Il fait très beau et assez chaud du coup il y a comme une atmosphère de « chillance » qui se dégage. C’est super cool de prendre le soleil en naviguant sur un fleuve avec un décor magnifique. D’autant plus qu’aujourd’hui, c’est dimanche, et que le dimanche tout le monde se baigne dans le Mékong ! Et oui, outre son utilité pour les transports, le Mékong sert aussi accessoirement de déchetterie, de baignoire, de plage, de machine à laver, de karcher à scooter, de rafraîchissement pour les buffles, vaches et chèvres et de lieu de pêche. Croyez moi ou non, mais je vous assure que j’ai vu chacune de ces situations en 2 jours de transport.


Au coucher du soleil, nous arrivons à destination : Huay Xai. Sur les derniers kilomètres nous avons navigué sur la frontière lao-thaïlandaise. C’est original de voir à sa droite des drapeaux laotiens et à sa gauche des drapeaux thaïlandais. On était un peu sur un « No mans land ». Sur place, après quelques minutes de recherche, je trouve un logement au même prix qu’hier avec en prime une belle vue sur le Mékong (et la Thaïlande) ainsi qu’une petite terrasse… La nuit tombant accompagnée d’un gros déluge, je profite ni de l’un, ni de l’autre. On verra ça demain matin.


Demain je quitte le Laos après seulement 5 jours… La dernière fois que j’ai fait un pays en 5 jours c’était Singapour. Autant dire que ça m’embête de rester aussi peu. Mais que voulez-vous ? J’ai des contraintes de temps et j’espère pouvoir faire la Birmanie. Mais si cette dernière volonté est impossible à réaliser dans mon créneau, j’aurai vraiment les boules de m’être activé pour rien. Croisons les doigts ! Donc demain, back to Thaïlande !



Chiang Rai entre le blanc et le noir

Plutôt que de filer tout droit vers Bangkok où j’aurai le plus de chance de trouver mon bonheur pour la Birmanie, je décide de faire un stop sur Chiang Rai. Située à l’extrême nord de Thaïlande (2h du Laos), Chiang Rai abrite deux des temples les plus mythiques du pays : le blanc et le noir. Une après-midi et un scooter suffisent largement pour les visiter, et je dois dire que j’ai été très surpris.


Commençons par le plus célèbre : Wat Rong Khun appelé aussi White Temple (temple blanc). Celui-ci est situé à 13km au nord de Chiang Rai et se compose d’une structure principale, d’un pont permettant l’accès, d’un petit jardin et d’une multitude d’attrapes touristes autours, j’y reviendrai. Sa blancheur éclatante et brillante est resplendissante. Rien de surprenant. Par contre, l’illustration non dissimulée du mal, de la mort et de la peur est vraiment étrange et tranche totalement avec la couleur blanche qui se veut celle du bien, du paradis. Toutes les sculptures du temple tournent autour de cette idée. Il en va de même au sein du temple où la statue du Buddha est entourée par de magnifiques fresques d’hommes meurtries et de monstres (dragons) rappelant l’enfer.


A l’extérieur, on trouve d’autres attraits. Il y a des milliers de pendentifs pendus un peu partout où il possible d’écrire un message pour porter chance à ses proches. On retrouve une belle fontaine où les superstitieux y jettent leur pièce avec l’espoir qu’un vœu se réalise. Plus original, sur quelques arbres sont pendues des têtes bien connues du 7ème art : Wolverine, Avatar ou encore Maléfique. Regardez cette formidable demeure couleur or… vous pensiez que c’était un énième temple ? Raté, ce sont des toilettes ! Enfin, on vous propose d’accéder à une galerie d’art dont les tableaux rappellent les fresques du temple. Originalité de cette exposition : le mal venant se mélanger aux peintures classiques religieuses, même Superman, Bush fils et Ben Laden tapent l’incruste dans certains tableaux. Evidemment, par respect de l’artiste, les photos sont interdites.


Gardez la même route mais allez 13km au sud de Chiang Rai et vous tomberez sur Bandam appelée la Black House/Temple (maison/temple noir) en opposition avec le précédent temple. Evidemment tout est noir, sombre et uniquement en bois. Ça c’est original et inédit pour un temple. Ma surprise sur celui-ci, c’est qu’il n’y a pas qu’un seul temple, mais bien tout un village. C’est comme un beau petit parc où il est agréable de se balader. Ici aussi, le mal est incarné mais différemment. Au-delà de la couleur, ce sont les objets présentés, l’avarice et l’abus qui reflètent la mauvaise facette de l’être humain. Des fusils de chasseurs, des peaux de crocodiles et bisons (je crois) en guise de tapis, des défenses d’éléphants en décoration des chaises, des têtes d’animaux empaillés, et des pièces immenses, des lits démesurés, des tables de 10 mètres pour 2 couverts… surprenant pour un lieu qui se veut religieux.


Bien évidemment toutes ces allusions au mal dans cette opposition noir/blanc ne relève que de mon interprétation. Les deux temples sont gratuits d’accès mais il faut un guide pour connaître la vérité à leurs sujets. Par contre, vous avez bien lu, ces temples sont gratuits ! Alors si vous passez par-là, ne les manquez pas.



Voilà c’est la fin de cet article sur mon court séjour au Laos et mon crochet sur Chiang Rai. C’est désormais parti pour une longue nuit de bus jusqu’à Bangkok… Si le bus est neuf et très propre, rarement j’aurai eu aussi peu de place pour mes jambes. Bonne nuit !

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